Principe Scénique

2012

Essai symbolique sur la manipulation photographique.
Tirages argentiques sur papier baryté.

La photographie est une captation du réel, mais à la fiabilité relative. Pourtant, face à une photographie on ne peut pas se départir de l’idée qu’elle nous livre en toute bonne foi des éléments du réel. Ceci est motivé par l’équilibre des proportions et des perspectives proches de la perception de l’œil humain et par le rendu détaillé de l’image photographique qui rend familiers les éléments y figurants. Cette reproduction intuitive encourage une projection de sa propre experience de la réalité dans l’image et un jugement immédiat sur ce qui est regardé.
Or le réel capturé par ce triptyque ressemble davantage à un espace abstrait. Cet espace, comme celui de la page blanche, déconcerte. Il revêt un caractère fondamental où le familier n’est d’aucune aide. Le témoignage photographique bascule dans la fiction. Et il nous est forcé de réellement s’interroger sur la nature de ce qui est regardé. Il suffit de peu de manipulation pour que le substantiel devienne alors fictionnel : un cadrage, une installation sommaire et un équilibre technique entre lumière et mécanique photographique.

Dans ma pratique photographique, la manipulation de l’image et la création d’un contexte fictionnel a pour principe de mettre à l’épreuve notre acuité et de stimuler la question suivante : que croit-on voir au juste ? Cette question nous amène à reconsidérer nos automatismes déductifs et à se figurer de quelle réalité la photographie regardée est le témoin.
Ces trois photographies ne sont pas tant des monochromes, mais représentent bien un espace réel. Ironiquement, celui d’un studio photographique, un lieu effectivement au fondement des images créées de toutes pièces.